Un nouveau sondage Léger révèle que les Québécois ne s’opposent pas à l’immigration, mais souhaitent qu’elle réponde avant tout aux besoins du marché du travail, particulièrement ceux des petites et moyennes entreprises.
Réalisé à la demande de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), ce sondage auprès de 1 014 répondants québécois entre le 19 et le 22 septembre dernier montre une population nuancée sur cette question sensible.
Des Québécois pragmatiques face à l’immigration
Les résultats démontrent clairement que les Québécois adoptent une approche pragmatique de l’immigration :
- 72% croient que l’immigration devrait prioritairement répondre au besoin du marché du travail, particuliement les PME
- 81% souhaitent une meilleure collaboration entre les gouvernements fédéral et provincial en matière d’immigration
- 65% pensent que le gouvernement du Québec devrait investir davantage pour aider les travailleurs immigrants à apprendre le français
- 52% estiment que la réduction proposée de l’immigration aura des répercussions sur l’économie de leur région
- 50% soutiennent que les travailleurs temporaires actuels devraient pouvoir accéder à la résidence permanente
Les PME montréalaises sous pression
La situation est particulièrement critique pour les petites entreprises de la région de Montréal et du Québec. Selon les données du Baromètre des affaires de la FCEI, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée freine la production et les ventes des PME.
Le taux de postes vacants est beaucoup plus important pour les petites entreprises, et le nombre de nouveaux arrivants reste insuffisant pour combler ces postes dans plus de 10 régions administratives du Québec.
Un enjeu économique régional majeur
« Les PME peuvent donner des opportunités professionnelles aux nouveaux arrivants, les postes sont disponibles et le seront avec les départs à la retraite », explique François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI.
Cette réalité fait écho aux préoccupations de la population : près des trois quarts des Québécois (72%) estiment que l’immigration devrait prioritairement répondre au besoin du marché du travail, particulièrement les PME.
Une demande claire de collaboration gouvernementale
Le sondage révèle un message fort envoyé aux élus : 81% des Québécois pensent que la collaboration entre les gouvernements fédéral et provincial doit être renforcée en matière d’immigration, contre seulement 12% en désaccord.
La FCEI réitère sa demande aux gouvernements de travailler main dans la main pour mettre en place des solutions pragmatiques, accélérer les traitements des dossiers et répondre aux enjeux économiques soulevés par la communauté d’affaires.
L’intégration linguistique, une priorité
La majorité de la population croit que le soutien à l’intégration linguistique doit être renforcé. En effet, près de deux personnes sur trois (65%) souhaitent que le gouvernement du Québec investisse davantage dans l’apprentissage du français pour les travailleurs immigrants.
Un défi particulier pour Montréal
Pour la région métropolitaine de Montréal, ces résultats soulèvent des enjeux cruciaux. La ville, qui accueille la majorité des nouveaux arrivants au Québec, doit concilier les besoins économiques de ses PME avec les défis d’intégration.
Les consultations sur la planification de l’immigration qui débuteront bientôt à l’Assemblée nationale représentent une occasion unique pour le gouvernement du Québec de répondre aux attentes de la population tout en soutenant l’économie régionale.
« Le gouvernement doit relever son jeu d’un cran et réellement accompagner les nouveaux arrivants dans leur apprentissage du français », conclut M. Vincent. « Ce dossier brûlant risque de mettre en grande difficulté de nombreuses entreprises » si aucune action n’est prise rapidement.
Avec une marge d’erreur de ± 3,08%, ce sondage confirme que l’immigration au Québec n’est pas un sujet aussi clivant qu’on pourrait le croire, à condition qu’elle s’harmonise avec les réalités économiques locales.

