L’arrondissement d’Anjou traverse une période de transformation majeure qui redessine son paysage urbain. Entre l’arrivée imminente de la ligne bleue du métro en 2031, le développement immobilier en plein essor et les défis sociaux émergents, ce territoire de l’est montréalais fait face à des enjeux cruciaux qui mobilisent les candidats à la mairie.
La ligne bleue : catalyseur d’une transformation urbaine sans précédent
Le projet d’extension de la ligne bleue représente l’investissement le plus important de l’histoire d’Anjou. Prévue pour 2031, la future station de métro sera située au niveau de l’autoroute 25 et comportera deux bâtiments d’accès reliés par une passerelle piétonnière souterraine universellement accessible.
Cette infrastructure majeure engendre déjà un boom immobilier considérable, avec plus de 2 500 nouveaux logements actuellement en cours de planification. Le prolongement permettra à plus de 20 000 usagers en période de pointe matinale de bénéficier d’un accès direct au réseau structurant de transport collectif.
Les travaux d’excavation débuteront en 2025, avec la déconstruction de quatre bâtisses commerciales prévue dans les prochains mois, notamment sur le site des Galeries d’Anjou.
Crise du logement : Anjou perd son statut d’arrondissement abordable
Traditionellement considéré comme l’un des secteurs les plus accessibles de Montréal, Anjou voit ses loyers augmenter drastiquement. L’arrondissement compte seulement 331 habitations à loyer modique (HLM) selon les dernières données municipales, le plaçant parmi les territoires avec le moins de logements sociaux.
Face à cette problématique, les candidats proposent des approches différentes :
Luis Miranda (Ensemble Montréal)
Le maire sortant privilégie la négociation avec les promoteurs pour inclure des logements familiaux et sociaux, sans imposer de quotas stricts. Il revendique une entente pour construire deux tours de logements sociaux sur l’ancien site Toys « R » Us.
Alex Megelas (Projet Montréal)
Prône une approche collaborative impliquant promoteurs, acteurs communautaires et citoyens, cherchant à équilibrer rentabilité et besoins sociaux.
David Noé-de Laurière (Transition Montréal)
Supporte l’objectif de tripler les logements sociaux à Montréal, considérant leur construction comme « non négociable ».
Sécurité : une détérioration préoccupante
Les statistiques révèlent une réalité inquiétante : les crimes contre la personne ont bondi de 30% entre les premiers trimestres 2024 et 2025. La Ville de Montréal signale une « recrudescence de méfaits, notamment des actes de vandalisme, de bris d’équipements et des comportements d’intimidation ».
Pour répondre à cette crise sécuritaire, l’arrondissement fait appel depuis trois étés consécutifs à une agence de sécurité privée. Les patrouilleurs effectuent des rondes quotidiennes de 15h à 22h dans les parcs et espaces publics de juin à septembre.
Les candidats proposent des stratégies variées :
- Infrastructures pour les jeunes : Miranda souhaite offrir davantage d’espaces récréatifs
- Activités extrascolaires : Noé-de Laurière mise sur l’occupation constructive du temps libre
- Participation politique des jeunes : Megelas veut créer des instances démocratiques pour leur expression
Mobilité : repenser la dépendance automobile
Avec 61% des déplacements effectués exclusivement en voiture selon l’ARTM, Anjou demeure fortement dépendant de l’automobile. Cette dépendance s’explique par l’enclavement géographique de l’arrondissement, cerné par les autoroutes 40 et 25.
La congestion chronique de l’autoroute 40 et les défis de stationnement qui s’intensifieront avec l’arrivée du métro nécessitent une réflexion approfondie sur l’avenir des transports. La forte proportion de personnes aînées (21% de la population) constitue un facteur supplémentaire à considérer dans cette équation complexe.
Enjeux secondaires : espaces verts et vitalité culturelle
Au-delà des priorités majeures, les candidats soulignent l’importance de préserver les espaces verts, véritable atout d’Anjou, et de développer l’offre culturelle pour stimuler la vitalité et l’économie locales.
L’accessibilité aux services pour les aînés constitue également un défi prioritaire dans un arrondissement où cette population représente plus d’un résident sur cinq.
Vers un avenir urbain équilibré
Les élections municipales du 2 novembre 2025 permettront aux Angevins de trancher entre ces différentes visions d’avenir. Entre développement urbain accéléré et préservation de la qualité de vie, entre croissance économique et justice sociale, l’arrondissement d’Anjou se trouve à la croisée des chemins.
La transformation en cours dépasse largement les simples enjeux d’aménagement : elle questionne le modèle de développement urbain souhaité pour l’est montréalais. L’arrivée imminente de la ligne bleue offre une opportunité historique de réinventer ce territoire, à condition de réussir l’équilibre délicat entre progrès et cohésion sociale.
