Les refuges montréalais débordés : une réalité criante
Depuis l’hiver dernier, Montréal fait face à une explosion du nombre de personnes sans-abri. L’association PAS de la Rue, qui accompagne particulièrement les plus de 55 ans en situation de précarité, a vu la fréquentation de son centre du centre-ville passer de 70 à 120 personnes quotidiennement, incapables d’accueillir davantage sans moyens supplémentaires. Cette saturation a poussé la direction à suspendre les nouvelles admissions, laissant plusieurs dizaines de personnes sans solution.
Un financement insuffisant : les attentes des organismes
La crise de l’itinérance, devenue un enjeu phare de la campagne municipale, met en lumière la difficulté des organisations communautaires à planifier durablement, faute de financements stables. Pour 2025, la Ville consacre environ 12 millions de dollars à l’itinérance. Néanmoins, les réseaux tels que RAPSIM et Centraide demandent que le soutien municipal atteigne au moins 21 millions par an et s’accompagne d’une meilleure collaboration avec le secteur communautaire.
Parallèlement, des initiatives pilotées par la Ville et l’Office Municipal d’Habitation de Montréal ont vu le jour, comme la construction de logements modulaires et la création de nouvelles places d’hébergement. Mais l’accélération de la demande dépasse les réponses apportées : les refuges spécialisés, comme Resilience Montréal et Mission Brewery, doivent sans cesse trouver des financements provinciaux ou privés pour éviter la fermeture de services essentiels.
Les promesses électorales face à l’urgence
Les principaux partis en lice multiplient les promesses :
- Projet Montréal propose de doubler le financement des organismes et vise 1 000 nouveaux logements sociaux d’ici 2030.
- Ensemble Montréal, avec Soraya Martinez Ferrada, veut tripler les fonds et créer un levier de 10 millions de dollars pour les dons privés, tout en planifiant 2 000 logements de transition ou permanents.
- Transition Montréal, porté par Craig Sauvé, souhaite instaurer une taxe sur les propriétaires les plus fortunés pour financer l’itinérance et mettre fin au démantèlement forcé des campements.
Chaque initiative est saluée, mais les associations attendent des actes concrets, alors qu’en 2025, plus de 10 000 personnes sont considérées comme sans domicile dans la province.
Seniors, femmes et diversité : des besoins spécifiques
Les personnes âgées, soutenues par PAS de la Rue, constituent une part croissante des utilisateurs des refuges. La diversité des profils nécessite des réponses multidimensionnelles : hébergement, alimentation, soutien psychosocial et accès à la santé. Face à l’urgence, des fonds exceptionnels comme l’Emergency Fund de Centraide, des collectes citoyennes et l’appel aux bénévoles complètent les efforts publics.
Conclusion : un tournant nécessaire
La crise de l’itinérance, loin d’être une problématique isolée, reflète un manque chronique de places d’accueil et de logements abordables. À quelques jours des élections, la mobilisation des candidats et des citoyens sera cruciale pour que Montréal devienne une ville qui n’exclut plus ses citoyens les plus vulnérables.
