À Montréal, 30 regroupements, organismes et chercheurs-euses tirent la sonnette d’alarme : la nouvelle méthodologie de la CDPDJ en matière d’accès à l’égalité en emploi invisibilise la sous-représentation des femmes dans plusieurs secteurs clés. Résultat : moins de cibles d’embauche, et un recul potentiel dans la lutte pour l’égalité au travail.
Ce qu’il faut comprendre
Depuis 2020, la CDPDJ a regroupé les professions en 14 grandes catégories. Or, en amalgamant des métiers où les femmes sont absentes (pompières, cols bleus, cadres supérieures) avec des emplois déjà féminisés, les statistiques se diluent. Les inégalités deviennent invisibles et les obligations d’embauche s’évaporent.
Les chiffres clés
- De 2006 à 2023, la proportion de femmes cols bleus à la Ville de Montréal est passée de 20 % à seulement 14,5 %.
- 81 % des proches aidants et personnes concernées jugent les mesures actuelles insuffisantes pour corriger la situation.
- Depuis la réforme de 2020, certaines cibles d’embauche pour les femmes sont… nulles.
Ce que ça change pour vous
Derrière ces chiffres, des enjeux bien concrets : moins de femmes pompières dans nos casernes, moins de professeures titulaires dans nos universités, moins de cadres supérieures dans nos hôpitaux et institutions publiques. La division sexuée du travail se perpétue et le fameux « plafond de verre » demeure intact.
La voix des expertes
« La recatégorisation brouille les statistiques et neutralise les mécanismes de correction. La sous-représentation féminine dans les postes stratégiques devient invisible », dénonce Diane Gagné, professeure titulaire en relations industrielles à l’UQTR.
Un appel clair
Les signataires, dont le Conseil des Montréalaises, Action travail des femmes et la Fédération des femmes du Québec, demandent à la CDPDJ de corriger sa méthodologie et de rétablir des cibles ambitieuses. Pour elles, l’égalité en emploi ne doit pas dépendre du bon vouloir des employeurs, mais reposer sur des outils rigoureux et transparents.
La bataille pour l’égalité des femmes au travail est loin d’être gagnée. Et c’est peut-être maintenant, dans ce débat technique sur des catégories d’emplois, que se joue l’avenir de la représentativité des femmes dans nos institutions publiques.