Le 54e Festival du nouveau cinéma de Montréal a accueilli dimanche dernier la première mondiale du film « Montréal, ma belle » (Montreal, My Beautiful), réalisé par la cinéaste sino-canadienne Xiaodan He. Cette projection spéciale a marqué une étape historique dans le cinéma queer de la diaspora asiatique, présentant pour la première fois au cinéma une protagoniste lesbienne chinoise d’âge mûr. Le film explore avec poésie et émotion les thèmes de l’exil, de l’identité, de l’amour interdit et de la diversité au cœur de la métropole québécoise, avec en tête d’affiche l’actrice renommée Joan Chen.
Une histoire d’éveil et de libération
Le film suit le parcours de Feng Xia, une immigrante chinoise de 53 ans vivant à Montréal. Mère de famille dévouée, elle a passé sa vie dans une obéissance silencieuse, prière aux attentes de sa culture, de sa famille et d’un mariage fondé sur les non-dits. En quête d’affection et d’écoute, elle cherche en vain l’attention de son mari qui ne semble pas combler ses besoins émotionnels.
Sa vie bascule lorsqu’elle s’inscrit sur un site de rencontre et fait la connaissance de Camille, interprétée par Charlotte Aubin, une jeune Québécoise libre et insouciante. Le temps d’un été montréalais étouffant, une amitié puis une attirance profonde se développent entre ces deux femmes aux univers opposés. Camille, chaleureuse et à l’écoute, offre à Feng Xia ce qu’elle cherchait désespérément : une présence attentive et une liberté d’être.
Pour la première fois de sa vie, Feng Xia ose se choisir. Son éveil déclenche une confrontation bouleversante avec ses choix passés, son identité et le prix à payer pour accéder à la liberté.
Une distribution internationale de prestige
L’actrice sino-américaine Joan Chen, née le 26 avril 1961 à Shanghai, incarne avec brio le rôle de Feng Xia. Réputée pour ses performances dans des films cultes comme « Le Dernier Empereur », la série « Twin Peaks », « Lust, Caution » et plus récemment « Didi » (qui lui a valu une nomination aux Independent Spirit Awards), elle apporte toute sa sensibilité et son expérience à ce rôle complexe.
Le film rassemble également plusieurs talents locaux et internationaux, dont John Xu, Pei Yao Xu, Anzhe (Angelo) Zhang, Jean-Guy Bouchard, Isabelle Miquelon, Zion-Luna Ribeaux Valdès, Annette Garant, Éloi Archambaudoin, Wensi Yan, Pantelis Palioudakis et Amélie Pelletier.
Xiaodan He : une réalisatrice engagée
Après avoir signé « My Father’s Journey », « Un Printemps d’Ailleurs » (A Touch of Spring, 2017) et « Cairo Calling », Xiaodan He nous offre avec « Montréal, ma belle » son long métrage le plus personnel.
Arrivée en 2002 de Chine à Montréal, la réalisatrice connaît intimement les thèmes de l’exil et de l’identité multiple qu’elle explore dans ce film. Elle s’est inspirée de sa propre expérience d’immigration pour créer cette ode à la diversité et à l’amour, abordant avec courage et nuance la condition des femmes immigrantes chinoises confrontées au poids des traditions et à la difficulté de s’affirmer dans une société d’accueil.
Le tournage, réalisé entièrement à Montréal, met en valeur la métropole québécoise comme personnage à part entière, ville cosmopolite où se côtoient et se mélangent les cultures et les identités.
Un accueil chaleureux au FNC
La présentation spéciale de « Montréal, ma belle » à l’occasion du 54e Festival du nouveau cinéma a connu un franc succès. Le public venu nombreux le dimanche 12 octobre 2025 au Cineplex du Quartier Latin a réservé un accueil enthousiaste au film. Une seconde projection a eu lieu le lundi 13 octobre au même cinéma, témoignant de l’intérêt du public montréalais pour cette œuvre.
Sur le tapis rouge, Joan Chen et Xiaodan He ont rencontré les médias et les admirateurs, se prêtant volontiers au jeu du photocall dans une ambiance festive. Le film avait préalablement été présenté en mai 2025 au Marché du Film de Cannes par le distributeur Filmoption, suscitant déjà un vif intérêt international.
Produit par Christine Falco (Les Films Camera Oscura) en coproduction avec Red Dawn Productions de Xiaodan He, « Montréal, ma belle » s’annonce comme l’un des films québécois marquants de l’année, porteur d’un message universel de tolérance, d’acceptation de soi et de courage face aux conventions sociales.

