À quelques semaines des élections municipales de 2025, l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve vit une campagne électorale marquée par deux préoccupations majeures : la crise du logement et la gestion de la collecte des ordures. Trois femmes se disputent la mairie dans une course où les enjeux sociaux et environnementaux s’entremêlent aux défis du quotidien des citoyens.
Le logement : une crise qui domine tous les débats
La question de l’accès au logement s’impose comme l’enjeu incontournable de cette campagne électorale à MHM. Dans un arrondissement où 68% des ménages sont locataires selon Statistique Canada (2021), la pression est forte pour trouver des solutions concrètes.
« Le logement, le logement, le logement : c’est ce qui revient le plus », affirme Anaïs Houde, candidate pour Transition Montréal. L’ancienne militante du groupe Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM souligne que même les organismes en sécurité alimentaire identifient la crise du logement comme le problème central. « Les gens n’arrivent plus à se nourrir parce que les logements sont peu abordables », explique-t-elle.
Les chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) confirment la tension du marché : avec un taux d’inoccupation à 2,1% et des loyers moyens atteignant 850$ pour un 3½ et 1 050$ pour un 4½ en 2023, la situation est critique pour de nombreux résidents.
Face à cette urgence, les trois candidates proposent des approches différentes. Alia Hassan-Cournol, conseillère sortante de Projet Montréal, mise sur une « approche innovante » incluant des habitations modulaires et l’accélération des projets de logement social. Elle a récemment annoncé un fonds de 500 000$ pour la préservation du parc locatif et la défense des droits des locataires.
De son côté, Chantal Gagnon, candidate d’Ensemble Montréal, met l’accent sur l’itinérance avec un engagement à tripler le budget annuel municipal à 30 M$ pour les organismes communautaires et à réserver 100 M$ pour les refuges d’urgence.
La collecte des ordures : un irritant devenu enjeu électoral
Depuis novembre 2024, la décision d’imposer la collecte des ordures ménagères aux deux semaines dans tout l’arrondissement a créé une vive controverse. Ce qui devait être une mesure environnementale pour encourager le tri et réduire les déchets s’est transformé en sujet de discorde majeur.
« C’est devenu un gros enjeu », constate Chantal Gagnon, qui promet de ramener la collecte hebdomadaire de mai à octobre si elle est élue. La candidate d’Ensemble Montréal répond ainsi aux préoccupations de nombreux citoyens qui dénoncent l’insalubrité créée par cette nouvelle fréquence.
Pour Anaïs Houde, cette question ne faisait pas partie de ses priorités initiales, mais elle reconnaît que « c’est devenu un irritant pour beaucoup de personnes ». Elle déplore toutefois que les partis en aient fait « un enjeu électoraliste », tout en proposant d’améliorer le système actuel avec des points de dépôt supplémentaires pour les ordures.
Projet Montréal a ajusté sa position en cours de campagne : Luc Rabouin, chef du parti, a promis le retour de la collecte hebdomadaire durant la période estivale, tout en maintenant la collecte aux deux semaines le reste de l’année.
L’état catastrophique des rues et les défis de mobilité
Un récent rapport de la Vérificatrice de Montréal a révélé que MHM présente la pire cote de la métropole concernant la qualité des rues : 60% des voies se trouvent en « mauvais » ou « très mauvais » état. Cette situation s’explique en partie par la forte concentration d’industries et de camionnage dans l’arrondissement.
« Il nous faut une écofiscalité pour faire payer les utilisateurs pollueurs, afin de nous permettre d’entretenir nos infrastructures », insiste Anaïs Houde. La candidate de Transition Montréal souhaite également augmenter la desserte des lignes d’autobus.
Chantal Gagnon propose quant à elle une révision complète de la circulation avec un meilleur plan et un contrôle strict du camionnage, notamment dans les secteurs de la rue Notre-Dame Est et de Tétreaultville.
Sécurité et développement : repenser l’arrondissement
La question de la sécurité est abordée sous un angle nouveau par les candidates. Alia Hassan-Cournol veut l’examiner avec une « perspective féminine », citant l’exemple de la piste cyclable Notre-Dame qui nécessite un meilleur éclairage. « La perception de comment on vit la ville et comment on se sent en insécurité quand on est une maman avec sa poussette ou une femme seule le soir, elle n’est pas la même », explique-t-elle.
Au-delà de la sécurité physique, la candidate de Projet Montréal mise sur la prévention en soutenant les organismes jeunesse et en améliorant les infrastructures sportives et les parcs.
Sur le plan économique, Hassan-Cournol propose un plan de développement concret incluant le soutien aux PME et des programmes de relance des artères commerciales. Elle cite en exemple la réussite de la revitalisation de la rue Sainte-Catherine Est et la récente inauguration de la place des Commerçantes à Tétreaultville.
Protection des espaces verts : un combat environnemental
Dans un arrondissement au « lourd passif environnemental », la protection des derniers espaces verts devient un enjeu crucial. Anaïs Houde se désole de voir des zones boisées menacées par le développement immobilier, notamment dans le secteur de l’Assomption Nord.
« Ne pas démolir des espaces pour construire des condos luxueux, pour moi, ça fait tout son sens. Il faut un moratoire sur cela », plaide-t-elle. Cette position s’inscrit dans sa vision d’un arrondissement qui doit repenser les impacts de l’industrie et de la logistique sur la santé publique des résidents.
Un sondage qui confirme les priorités
Les préoccupations exprimées à MHM reflètent d’ailleurs celles de l’ensemble des Montréalais. Selon un sondage Léger mené pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en août 2025, 53% des citoyens veulent que les élus s’attaquent prioritairement à l’accès au logement et à l’itinérance. La mobilité arrive en deuxième position avec 47%.
Ces données confirment que les débats à MHM ne sont pas isolés, mais s’inscrivent dans une dynamique métropolitaine où les défis sociaux et urbains interpellent l’ensemble de la population.
Trois visions pour un arrondissement en transformation
Les trois candidates à la mairie de MHM incarnent des approches distinctes pour répondre aux défis de l’arrondissement. Entre l’engagement communautaire d’Anaïs Houde, l’expérience politique d’Alia Hassan-Cournol et l’expertise en gouvernance de Chantal Gagnon, les électeurs devront trancher le 2 novembre 2025.
Au-delà des promesses électorales, la prochaine administration devra composer avec une réalité budgétaire difficile. Montréal prévoit un déficit de 228 millions de dollars en 2026, qui pourrait atteindre 417 millions en 2028. Un contexte qui exigera des choix difficiles et une gestion rigoureuse pour concrétiser les engagements de campagne.
L’avenir de MHM se joue maintenant, entre aspirations sociales, contraintes environnementales et réalités économiques.
