L’Administration portuaire de Montréal (APM) franchit une étape décisive dans son ambitieux projet d’expansion à Contrecœur. Ce mercredi 9 octobre 2025, l’institution a officiellement annoncé le début des travaux préparatoires et la signature d’un contrat majeur de 609 millions de dollars avec le consortium CTCGP, formé par les géants canadiens Pomerleau (60 %) et Aecon (40 %).
Un chantier d’envergure pour la logistique québécoise
Les premières interventions sur le terrain débuteront progressivement d’ici le 27 octobre, marquant le passage concret de la planification à l’action. Ces travaux préparatoires comprennent l’installation de clôtures de chantier, l’aménagement de routes d’accès, la construction de plateformes de travail, une coupe d’arbres ciblée ainsi que l’installation des bureaux et garages de chantier.
« Aujourd’hui, nous passons de la planification à l’action », a déclaré Julie Gascon, présidente-directrice générale de l’APM. « Le démarrage des travaux préparatoires ouvre la voie à la réalisation d’un projet majeur et structurant pour l’économie québécoise et canadienne. »
Le consortium CTCGP : une expertise de calibre international
Le contrat octroyé au consortium CTCGP englobe l’ensemble des travaux en eau, incluant la construction des quais et le dragage nécessaire. Ces opérations maritimes cruciales débuteront en 2026, une fois toutes les autorisations requises obtenues. Le partenariat entre Pomerleau et Aecon apporte une expertise reconnue dans les grands projets d’infrastructure et l’approche de conception-construction collaborative.
Cette phase de développement collaboratif, amorcée en février 2024, permet une meilleure prévisibilité des coûts et des délais, tout en assurant une coordination optimale entre tous les partenaires du projet.
Des retombées économiques substantielles pour la région
Au-delà de son importance stratégique, le projet d’expansion à Contrecœur représente un véritable moteur économique pour la Rive-Sud de Montréal et l’ensemble du Québec. Selon les données de l’APM, la phase de construction générera près de 8 000 emplois (3 720 emplois directs et 4 170 emplois indirects).
À pleine capacité, le nouveau terminal soutiendra plus de 10 000 emplois annuellement et générera 140 millions de dollars canadiens de retombées économiques par an pour l’ensemble du pays. Ces chiffres, issus d’études d’impact réalisées par des firmes indépendantes comme E&B Data, témoignent de l’ampleur générationnelle du projet.
Un investissement soutenu par les gouvernements
Le financement du projet repose sur une collaboration étroite entre les secteurs public et privé. Le gouvernement fédéral contribue à hauteur de 150 millions de dollars, tandis que le gouvernement du Québec injecte 130 millions de dollars. La contribution privée, principalement portée par DP World Canada, partenaire pour les travaux terrestres, dépasse les 500 millions de dollars.
« Devant l’instabilité économique et géopolitique, il est plus que jamais essentiel de miser sur nos atouts stratégiques, comme le fleuve Saint-Laurent et ses infrastructures portuaires », a souligné Bernard Drainville, ministre de l’Environnement du Québec et ministre responsable de la Stratégie maritime.
Une infrastructure moderne pour répondre à la demande croissante
Située en zone industriale sur une réserve foncière acquise il y a plus de 30 ans, le futur terminal à conteneurs de Contrecœur sera à la fine pointe de la technologie. Il comprendra deux postes à quai, une vaste aire de manutention de conteneurs, une cour ferroviaire intermodale raccordée au réseau principal, un portail d’accueil pour les camions et des installations de soutien.
À terme, le terminal permettra la manutention de 1,15 million de conteneurs (EVP), augmentant la capacité du Port de Montréal d’environ 60 %. La mise en service complète est prévue d’ici 2030. Cette expansion s’avère cruciale alors que les installations actuelles du port approchent de leur pleine capacité.
Des enjeux environnementaux au cœur du projet
L’APM s’engage à poursuivre un dialogue soutenu avec les parties prenantes et à appliquer des mesures rigoureuses pour atténuer les impacts environnementaux. Le projet a reçu en 2021 une déclaration de décision favorable du ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, permettant la réalisation des travaux préparatoires.
Parmi les engagements environnementaux, l’APM prévoit notamment la plantation de 40 000 végétaux et l’application de mesures de responsabilité environnementale conformes aux exigences réglementaires.
Un positionnement stratégique pour le commerce canadien
Avantageusement situé au cœur du principal bassin de consommateurs, d’importateurs et d’exportateurs du Québec et de l’est du Canada, le projet de Contrecœur renforce la position du Port de Montréal comme plaque tournante logistique de calibre mondial.
Selon les données récentes, les volumes de conteneurs du Port de Montréal ont connu une croissance moyenne de 4,5 % par année au cours des cinq dernières années, malgré les fluctuations liées à la pandémie et aux tensions commerciales. Dans un contexte où les exportateurs canadiens cherchent à diversifier leurs marchés, cette expansion permettra de répondre efficacement aux besoins croissants.
« L’agrandissement du Port de Montréal à Contrecœur constitue une occasion stratégique de renforcer nos chaînes d’approvisionnement et de stimuler notre économie », a affirmé Steven MacKinnon, ministre fédéral des Transports.
Un calendrier précis pour les prochaines étapes
Le calendrier détaillé des interventions est accessible sur le site de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. Les travaux se poursuivront tout au long de l’automne pour préparer les étapes majeures de 2026. La réalisation des phases subséquentes reste conditionnelle à l’obtention des autorisations requises, notamment pour les travaux en eau.
Ce projet d’envergure représente ainsi bien plus qu’une simple expansion portuaire : il s’agit d’un investissement stratégique dans l’avenir économique du Québec et du Canada, visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement tout en créant des milliers d’emplois et en stimulant le développement régional pour les décennies à venir.
