MONTRÉAL — Le gouvernement du Québec frappe fort en matière d’innovation avec l’annonce d’un investissement de près de 27 millions de dollars destiné à moderniser les infrastructures de recherche de 16 établissements universitaires et collégiaux. Cette injection de fonds, dévoilée ce jeudi 10 octobre 2025, vient appuyer 91 projets stratégiques qui placeront le Québec à l’avant-garde de secteurs clés comme l’intelligence artificielle, les sciences de la vie et l’énergie.
Un investissement stratégique pour la compétitivité québécoise
L’annonce conjointe des ministres Christine Fréchette (Économie, Innovation et Énergie), Martine Biron (Enseignement supérieur) et Christian Dubé (Santé) marque un tournant dans la stratégie d’innovation du Québec. Avec une enveloppe totale de 26 942 277 $, le gouvernement provincial s’engage à cofinancer des projets d’infrastructures de recherche évalués à plus de 69,5 millions de dollars.
Cette initiative s’inscrit dans le Programme de soutien aux organismes de recherche et d’innovation, en partenariat avec la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI). Les fonds permettront aux établissements d’acquérir des équipements scientifiques de pointe et de moderniser leurs installations, consolidant ainsi la position du Québec comme pôle d’excellence en recherche et développement.
Montréal et Laval au cœur de l’innovation
La métropole montréalaise et ses environs sortent grands gagnants de cette ronde de financement. L’Université de Montréal reçoit à elle seule 4,1 millions de dollars pour soutenir 13 projets, tandis que l’Université McGill obtient 8,7 millions pour 27 initiatives de recherche. Polytechnique Montréal, l’UQAM et l’Université Concordia figurent également parmi les bénéficiaires, confirmant le statut de Montréal comme épicentre de l’innovation québécoise.
Cette concentration d’investissements dans la région métropolitaine n’est pas anodine. Montréal s’est imposée ces dernières années comme un leader mondial en intelligence artificielle, attirant chercheurs de renom et géants technologiques. L’écosystème d’innovation montréalais, porté par des institutions comme Mila et une communauté de startups dynamique, bénéficiera directement de ces nouvelles infrastructures.
Des retombées concrètes pour la population
« Grâce à des infrastructures de recherche plus modernes, nous pourrons rester au-devant de la parade dans plusieurs secteurs d’importance, comme en santé », a déclaré Christine Fréchette. Les innovations découlant de ces projets promettent d’améliorer directement la qualité de vie des Québécois, notamment par le développement de soins de santé plus personnalisés et de technologies plus efficaces.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a souligné que ces investissements dans les sciences de la vie se traduiront par des services médicaux de meilleure qualité pour l’ensemble de la population. Les centres de recherche en milieu hospitalier pourront optimiser leurs équipements, accélérant ainsi la translation des découvertes scientifiques vers des applications cliniques concrètes.
Un écosystème universitaire en pleine mutation
Cette annonce intervient dans un contexte où les universités québécoises font face à des défis importants. Après avoir tiré la sonnette d’alarme sur le sous-financement et la détérioration des infrastructures, les établissements d’enseignement supérieur voient enfin leurs besoins partiellement reconnus. L’Acfas avait d’ailleurs exprimé ses inquiétudes face à l’absence de reconnaissance de la contribution de la recherche à la prospérité économique du Québec.
L’investissement annoncé aujourd’hui répond en partie à ces préoccupations, bien que plusieurs acteurs du milieu universitaire estiment que des efforts supplémentaires demeurent nécessaires. La ministre de l’Enseignement supérieur, Martine Biron, a affirmé que ce financement permettra de « renforcer la capacité de nos universités et de nos cégeps à mener des recherches de pointe » et de « mieux recruter de nouveaux chercheurs ».
Formation de la relève scientifique
Au-delà des équipements, ces investissements visent à former la prochaine génération de chercheurs et d’innovateurs québécois. Les établissements collégiaux, incluant les cégeps d’André-Laurendeau, de l’Abitibi-Témiscamingue, de Saint-Jérôme et de Sept-Îles, reçoivent également leur part du financement, démocratisant l’accès à la recherche de calibre mondial au-delà des grands centres urbains.
Cette approche inclusive assure que l’ensemble du territoire québécois puisse contribuer à l’écosystème d’innovation. L’Université Laval (18 projets, 3,3 M$) et l’Université de Sherbrooke (7 projets, 1,7 M$) démontrent que l’excellence en recherche n’est pas l’apanage de Montréal, mais bien une réalité à l’échelle provinciale.
Des secteurs stratégiques ciblés
Les domaines prioritaires identifiés par le gouvernement reflètent les enjeux contemporains et les forces distinctives du Québec. L’intelligence artificielle, secteur dans lequel Montréal excelle déjà à l’échelle internationale, bénéficiera d’infrastructures renforcées pour maintenir son avance compétitive. Le secteur de l’énergie, crucial pour la transition écologique, ainsi que l’agroalimentaire, pilier économique traditionnel, figurent également parmi les bénéficiaires.
Cette approche ciblée s’inscrit dans une vision à long terme visant à positionner le Québec comme leader dans les secteurs de l’économie du savoir. Avec plus de 380 opportunités de subventions en innovation disponibles dans la province, l’écosystème québécois offre un environnement fertile pour les entreprises innovantes, des startups aux PME établies.
Vers un Québec plus innovant et compétitif
Cet investissement de 27 millions de dollars représente bien plus qu’une simple injection de fonds. Il témoigne d’une volonté politique de faire de l’innovation un pilier de la stratégie économique québécoise. Dans un contexte de concurrence internationale accrue, où des événements comme ALL IN 2025 attirent 6 000 experts en IA à Montréal, ces infrastructures modernes sont essentielles pour attirer et retenir les meilleurs talents.
Les universités québécoises, qui soutiennent des milliers d’emplois et génèrent des retombées économiques considérables, voient leur rôle stratégique reconnu. Comme le soulignent plusieurs experts, l’investissement dans les infrastructures universitaires doit être considéré comme un levier pour construire la nation et non comme une dépense, mais bien comme un investissement dans la prospérité future.
Le défi consistera maintenant à s’assurer que ces fonds se traduisent rapidement en résultats concrets : équipements installés, chercheurs recrutés, innovations développées et, ultimement, qualité de vie améliorée pour tous les Québécois. Le pari du gouvernement est que ces 27 millions de dollars aujourd’hui généreront des retombées économiques et sociales qui se multiplieront dans les années à venir, consolidant la position du Québec comme société du savoir et de l’innovation.

